Les années 90 et 2000 sont celles des croisements des expérimentations. On ose faire plus de choses, les paroles se libèrent. Les morceaux sont plus rugueux et puisent leurs inspirations dans un environnement qui s’élargit mais souvent assez sombres.
9 morceaux
Les mélodies sont mises à l’honneur et le chant trouve ici une place majeure. Les compositions sont le plus souvent mélancoliques et tristes, les tempi sont plus lent. Ces esthétiques ont un succès retentissant au début des années 2000.
13 morceaux
La chanson à texte dispose d’une place importante en France avec l’héritage des grands auteurs. Les textes et les messages qu’ils sont mis en avant. La poésie est à l’honneur mais les revendications, humanistes, sociales ou écologiques ne sont jamais bien loin.
15 morceaux
Les technologies occupent de tout temps une place majeure dans l’évolution de la musique, ces esthétiques sont les dernières à apparaître. Les sons sont synthétiques ou samplés, les formes plus urbaines.
12 morceaux
1987 - 2017
Organisé par l’association Tuberculture, « Chanteix Chante, le festival Aux Champs » fête sa 30e édition en 2017. L’occasion de revenir sur l’histoire de cet événement incontournable de la vie culturelle corrézienne.
Massilia Sound System, Georges Moustaki, Thomas Fersen, Mano Solo, Tieffen ou Tryo, voici quelques-uns des grands noms qui ont foulé les scènes du festival de Chanteix. Au total 300 groupes et artistes, un public chaque année plus nombreux -près de 4000 spectateurs payants aux dernières éditions- et une notoriété acquise pour cette commune de 600 habitants, entre Brive, Tulle et Uzerche.
Revenons au début des années 70. Les jeunes s’ennuient dans cette campagne profonde alors ils organisent des soirées pour jouer au théâtre, réciter des poèmes et danser, puis créent le Foyer culturel de la jeunesse chantexoise. Le mot jeunesse est ici essentiel ! Au début des années 80, les habitants organisent une fête annuelle, sur le modèle classique des fêtes de villages : reconstitution de la vie d’antan, démonstration d’outils agricoles et marché du terroir. Le public est au rendez-vous. En 1987, les jeunes, devenus adultes, décident de créer un festival. « C’était le début des Francofolies de La Rochelle et je me suis dit : et si on amenait les spectacles aux champs, à la campagne ? » Banco !
La première édition du festival Aux Champs se tient en août 1987, avec des artistes locaux déjà bien installés tels que les Singlar Blou et Jean-Luc Roudière, et un groupe bordelais qui vient de sortir son premier album : Noir Désir. Cette première édition est la bonne, et le festival rempile pour une seconde, sur le même modèle : musiques actuelles et spectacle vivant, concerts en extérieur, et implication des habitants, en particulier des jeunes (qui construisent eux-mêmes une scène !). Des intermittents sont tout de même embauchés pour assurer les régies lumières et la sonorisation. Tête d’affiche : Hugues Auffray. « Le festival se finançait sur la billetterie et les recettes du bar. Tout coûtait moins cher à l’époque, le budget devait être d’environ 150 000 francs. Auffray a dû coûter 77 000 F » se rappelle Jean-François Poumier.
« La patate, ça a été l’amidon pour faire coller les gens au festival »
Jean-François Poumier - Organisateur du festival
Prise de vue aérienne du festival 2016. Réalisée par Azimut Drone © Correze Tourisme / Azimut Drone
Mais en 1989, Hugues Auffray reproche à l’équipe municipale de ne pas suffisamment soutenir les activités culturelles. Le festival est au coeur d’un clivage et entre en sommeil. Il faut attendre 1995 et les élections municipales, qui amènent Jean-François Poumier au conseil municipal, pour que revienne cet événement majeur. « J’ai convoqué les jeunes pour leur demander s’ils souhaitaient tenter une nouvelle aventure. Le renouvellement par la jeunesse est un élément essentiel qui fait que le festival est toujours là » assure le programmateur.
1996, c’est le come back du festival. On reprend les vieilles recettes, mais avec la patate. Traduction : on ajoute la pomme de terre comme symbole fédérateur et intergénérationnel, pour enterrer les vieilles querelles. Populaire, le tubercule s’impose au travers de recettes traditionnelles. 800 personnes viennent manger les farcidures le dimanche ! L’imaginaire est décliné : la monnaie du festival devient le Zapatatas et l’association organisatrice Tuberculture. « La patate, ça a été l’amidon pour faire coller les gens au festival » commente Jean-François. L’événement continue de grandir et de s’améliorer ; tant sur la programmation que sur les conditions d’accueils des artistes et du public. Un grand chapiteau est loué pour la grande scène, secondée par une plus petite, qui fait la part belle aux découvertes.
Ce festival fait profondément évoluer le village. La salle polyvalente La Boîte en Zinc est construite en 1999, avec une excellente acoustique pour pouvoir accueillir des concerts dans des bonnes conditions. Et pour pouvoir installer un plus grand chapiteau, le monument aux morts est déplacé en 2010, non sans certaines crispations. Des travaux en sous-sol permettent également de faire passer les câbles de la régie à la scène via les bouches d’égouts sans gêner les spectateurs. Le festival fête ses 30 ans en 2017. C’est l’âge moyen de l’équipe dirigeante, c’est dire si la jeunesse est toujours au cœur des préoccupations du festival. D’ailleurs, en 2016, pour rajeunir le public, l’équipe a programmé Les Casseurs Flowteurs, son premier groupe de rap. Pari réussi !
Texte rédigé par Emmanuelle Mayer