Les guitares sont reines, les rythmiques implacables, bref les morceaux sont efficaces… Ici les groupes s‘inspirent des formations mythiques des années 70, et aussi du blues, c’est l’école classique du rock’n’roll !
15 morceaux
Les années 90 et 2000 sont celles des croisements des expérimentations. On ose faire plus de choses, les paroles se libèrent. Les morceaux sont plus rugueux et puisent leurs inspirations dans un environnement qui s’élargit mais souvent assez sombres.
9 morceaux
Les mélodies sont mises à l’honneur et le chant trouve ici une place majeure. Les compositions sont le plus souvent mélancoliques et tristes, les tempi sont plus lent. Ces esthétiques ont un succès retentissant au début des années 2000.
13 morceaux
La chanson à texte dispose d’une place importante en France avec l’héritage des grands auteurs. Les textes et les messages qu’ils sont mis en avant. La poésie est à l’honneur mais les revendications, humanistes, sociales ou écologiques ne sont jamais bien loin.
15 morceaux
Les Singlar, fiers représentants de la musique Pecno
1984 à nos jours
Plus qu’un groupe Les Singlar sont un concept, un état d’esprit, une aventure humaine de 30 ans d’âge.
Le nom du groupe s’impose dès les premiers instants. C’est un hommage à Sugar Blue, l’harmoniciste de légende qui a enregistré Miss You avec les Rolling Stones. Ils avaient eu l’occasion de le voir au début des années 80 en concert au Grill à Egletons. Ils détournent son nom de scène au profit d’un calembour efficace avec ce qu’il faut de patois local. Déjà le groupe revendique sa ruralité.
On a un peu la fierté de porter la bonne parole du rock’n’roll dans des endroits reculés en campagne. Ça se voyait pas beaucoup des groupes de rock à Saint Merd Les Oussines. Le premier concert que j’ai fait avec les Singlar, c’était à la fête du vin à Davignac.
Philippe Debesnoit
Le groupe trouve une forme stable lors de la fête de la musique 1984. Pierre Cauty, Eric Emereau et Christian Coudert respectivement à la batterie, chant et guitare sont rejoint par Philippe Debenoit qui les a accompagnés sur scène avec ses harmonicas. Plusieurs bassistes se succéderont jusqu’à l’arrivée de Christophe Bernard. Enfin, le regretté Patrice Magoux complétera la formule au début des années 2000 aux claviers et binious avant de disparaître prématurément à l’été 2018.
S’il a pu arriver au groupe de consommer son cachet au restaurant avant même de l’avoir touché, il n’en demeure pas moins un exemple de gestion saine. En créant l’association qui supporte le groupe dès 1985, ils se donnent les moyens d’être autonome. Le pécule accumulé permet au début de se procurer paires de baguettes et cordes de guitares. Petit à petit, le groupe fait l’acquisition de matériel de sonorisation et d’éclairage pour palier aux conditions difficiles : « Beaucoup de fois, on arrivait, il y avait une estrade de 2x2m, trois chaises et une prise électrique, on se disait que ça allait pas être possible de jouer » précise Éric.
Éric Émereau alias Baluze en live - Photo Pierrick Aubouin
Avec ce matériel, le groupe a aussi contribué à la naissance du festival de Davignac. Il y ont joué dès la première année en 1987 en mettant à disposition leur matériel aux autres groupes, locaux aussi. Ainsi BF15, No Siesta et Repris de Justesse ont pu aussi s’y produire dans de bonnes conditions.
1987 est une année de grande première puisqu’il ont également inauguré la toute première édition du festival Aux Champs de Chanteix. Ils assuraient la soirée aux côtés d’un jeune groupe bordelais : Noir Désir. Baluze se souvient : « Il y avait cinq personnes devant la scène, c’était juste avant qu’ils montent avec Aux sombres héros de l’amer ».
Live et interview à Des Lendemains Qui Chantent - le 24 octobre 2014
Dès leurs débuts, les concerts s’enchaînent grâce au bouche à oreille. Le public est séduit par l’humanité et l’humour qui s’en dégagent. Concert ? Plutôt spectacle devrait on dire. Car sur scène il y a les morceaux et ce qu’il se passe entre. C’est ce qui plaît.
On privilégie l’interaction avec le public. Je me ferais c**** s’il n’y avait pas ça.
Précise Éric, leader du groupe.
Lors de notre entretien, Patrice a précisé : « On a notre fil conducteur mais le spectacle il est pas bossé, c’est beaucoup sur l’impro. Ce qui est bien, c’est qu’on arrive à se surprendre. On se fend la gueule entre nous, c’est naturel. On a jamais fait deux fois le même. C’est un petit jeu entre nous de se surprendre les uns les autres ».
Certains titres sont devenus emblématiques, à tel point qu’ils ne peuvent se priver de les jouer pendant les concerts. C’est le cas de Mon Morceau par exemple qui reprend avec humour les travers du monde de la chasse. Les musiciens usent d’accessoires et de costumes pour faire réagir le public. « On aimerait pouvoir avoir plus de décors et de costumes, mais ça impose une logistique plus grande. » commente Eric.
La logistique, ils la connaissent car chacun met la main à la pâte. S’ils peuvent être accompagnés d’un technicien du spectacle sur la route, ils ne rechignent pas à monter et à démonter le matériel, à être présents et disponibles pendant les balances. C’est une marque de l’humilité du groupe et certainement un facteur de sa longévité.
Live à Des Lendemains Qui Chantent - Archives Des Lendemains Qui Chantent
Avec leur sens de la fête, les musiciens n’hésitent pas à se lancer dans des aventures un peu folles. Pour fêter ses 20 ans en 2004, le groupe se paie le luxe d’organiser une soirée mémorable au Bataclan.
On leur a proposé de faire une soirée rock agricole. Ils nous ont pris au sérieux. Ils nous ont donné une date pour 6 ou 7 mois après.
Philippe Debenoit
Éric poursuit : « On a tout organisé ensuite, on a décidé de faire venir nos copains de Clermont-Ferrand les Flying Tractors. On a trouvé Joseph Cantalou par hasard à ce moment là, un fou furieux qui a intégré la programmation de cette soirée. On a affrété des bus qui partait de Clermont-Ferrand ou d’Égletons avec les places pré-vendues. Les bus arrivaient au pied du Bataclan, déposaient les spectateurs et les reprenaient à l’issue du concert. On avait la sécurité d’avoir vendu les places en amont. C’était pratique pour les gens, ils n’avaient pas à se préoccuper du transport. »
Le pari est gagné et la fête réussie. C’est peut être la seule fois que le Bataclan est décoré à grand renfort de bottes de paille convoyées pour l’occasion.
L'affiche des 20 ans des Singlar Blou au Bataclan
Rebelote en 2015 pour les 30 ans du groupe. C’est sur une prairie de Moustier-Ventadour et sous un ciel menaçant que les sangliers remettent le couvert. Une large scène extérieure est montée, des barnums buvettes et restauration entourent l’espace public, la scène mobile du Vladkistan assure le « off », des bénévoles gèrent entre autres choses les stationnements des véhicules. Bref, un vrai festival s’organise en pleine campagne.
Les Singlar invitent d’autres groupes à rejoindre la programmation. Parmi eux des jeunes du coin comme Les Poors ou Five Tracks, un peu impressionnés par l’événement. Et des moins jeunes avec Visavis qui ont peu ou prou la même longévité. Un invité de marque a honoré les groupes et le public de sa présence puisque Sugar Blue en personne se produit aussi sur la grande scène. C’est une belle prise et un beau cadeau d’anniversaire ! Le bluesman a traversé l’Atlantique pour l’occasion. Sa tournée l’emmènera d’Edmonton à Chicago en passant par ce coin de campagne corrézien.
Les orages ne gâchent pas la fête et la soirée est parfaite, plus de 800 spectateurs répondent présents. Ces 30 ans sont une nouvelle étape dans l’histoire des Singlar. Un moment heureux qu’ils se plaisent à partager avec un public ami.
D’autres moment sont malheureusement beaucoup plus durs à vivre. La disparition soudaine de Patrice Magoux à l’été 2018 est une épreuve terrible et insupportable. Les membres du groupe se montrent solidaires et unis pour la surmonter individuellement et collectivement. Nous ne doutons pas qu’ils honoreront sa mémoire en continuant à s’amuser sur scène.
Nous nous associons à leur peine ainsi qu’à celles de ses proches.
L'affiche des 30 ans des Singlar Blou