Les guitares sont reines, les rythmiques implacables, bref les morceaux sont efficaces… Ici les groupes s‘inspirent des formations mythiques des années 70, et aussi du blues, c’est l’école classique du rock’n’roll !
15 morceaux
Les années 90 et 2000 sont celles des croisements des expérimentations. On ose faire plus de choses, les paroles se libèrent. Les morceaux sont plus rugueux et puisent leurs inspirations dans un environnement qui s’élargit mais souvent assez sombres.
9 morceaux
Les mélodies sont mises à l’honneur et le chant trouve ici une place majeure. Les compositions sont le plus souvent mélancoliques et tristes, les tempi sont plus lent. Ces esthétiques ont un succès retentissant au début des années 2000.
13 morceaux
La chanson à texte dispose d’une place importante en France avec l’héritage des grands auteurs. Les textes et les messages qu’ils sont mis en avant. La poésie est à l’honneur mais les revendications, humanistes, sociales ou écologiques ne sont jamais bien loin.
15 morceaux
1990 - Aujourd'hui
Disquaire bien connu des Tullistes, Philippe Nicole, 58 ans, fut pendant 23 ans le bassiste du groupe de rock King Size. Portrait de celui qui est plus connu sous son nom de scène : The Rev.
Crâne nu, grosses lunettes et bouc, Philippe a le verbe fort et les souvenirs, innombrables. Dans sa boutique, The Rev’, vinyle shop quai de Rigny à Tulle, c’est le paradis du microsillon, ancien ou récent. « Aujourd’hui, 90 % des albums qui sortent bénéficient d’un pressage vinyle. Il y a un regain d’intérêt pour ce support ». Sa clientèle a le goût du retour à cet objet vinyle et à ce son vintage. Le rock, c’est toute la vie de Philippe, alias The Rev’. En 1970, quand il a 11 ans, les médias envoyaient des reporters à Wight, mais ni les 3 stations de radio de l’époque (RTL, Europe, France Inter) ni les 2 chaines de télévision ne diffusaient de rock. « Je vivais avec ma famille dans l’Oise et chez nous, c’était plutôt musique classique, jazz, Brel, Bécaud, Brassens et Aznavour ». Quand sa grande sœur ramène IV de Led Zeppelin à la maison, c’est la claque : « la pochette, l’objet, le boucan que ça faisait ! ». Les parents étaient forcément contre le rock. « J’ai d’abord résisté, pour leur faire plaisir, mais je sentais mon attirance pour cette musique, c’était comme un vertige, avec la peur de tomber dedans ». Il a vite craqué. Pour s’informer, il lit religieusement les magazines Best et Rock n’folk, qui rendaient minutieusement compte de concerts sur plusieurs pages. Avec sa fibre encyclopédiste, Philippe apprend les discographies des groupes, connaît par coeur les pochettes et les looks provocateurs. Il écoute les disques de sa sœur et de ses amis plus âgés -il fallait aller à Beauvais pour les trouver !- et rêve d’assister à un concert. « C’était plus qu’une mode, un vrai bouleversement sociétal, avec le rock comme bande originale ».
« Toi, t’as une tête de bassiste »
Un type
King Size à l’Hacienda à Tulle, le 10 novembre 1994
Au lycée, il rencontre Jean-Charles et Christophe, fans de rock, et apprentis guitaristes. « Moi, je m’imaginais plutôt critique de rock, ou en backstage… ». Mais quand un type lui dit « toi, t’as une tête de bassiste », il s’achète une vieille basse d’occasion et s’essaie avec les copains. « En terminale, on voulait conquérir le monde ! » mais ils passent le bac et s’inscrivent en fac à Paris pour rassurer les parents. Christophe et Philippe n’y mettent pas les pieds, trouvent du boulot -libraire pour Philippe- et économisent pour pouvoir se payer une sono. Dionysos, c’est leur nom, répète tous les week-ends dans la cave de ses parents. « On bossait toutes la semaine, on ne dépensait rien, on n’allait à aucun concert, et le week-end, on s’enfermait dans la cave pour répéter. Du coup, notre musique était déconnectée, complètement barrée ». Trois ans plus tard, ils s’installent à cinq dans une maison dans l’Oise, avec Annie, la compagne de Philippe, la seule à avoir du boulot, pour travailler leur projet de concert avec leur nouvelle sono. Toutes les dépenses sont comptées, les journées sont studieuses : une vie très austère pour des rockers ! Leur premier concert, organisé par le comité des fêtes d’un village près de Meaux, attire 300 personnes et se termine par des huées. « On n’avait joué que 55 minutes et le public avait peut-être trouvé ça chiant… On était à contre-courant avec nos vieux costumes ». Changement de cap musical. Le groupe fait des reprises, adopte un look plus mode, se rend accessible. Jean-Charles, en désaccord avec cette politique, quitte le groupe, tandis qu’Annie devient la manageuse. Ils se produisent dans les MJC et les centres sociaux du département puis de plus en plus loin. Tous les cachets sont réinvestis : achat de matériel, d’un camion, enregistrement de démo…
Les membres des Sentinels, groupe ami de l’Oise, leur font découvrir le monde des fanzines, comme Abus dangereux et Nineteen, des radios libres, des bars concerts et des associations, bref, l’underground des eighties. Le groupe prend le nom de King Size, et enregistre en 1989 son premier album More Soul avec Stop it baby, sous-label de Bondage des Berruriers Noirs. Toujours libraire à mi-temps, Philippe est licencié pour raisons économiques. Mais le groupe découvre le régime de l’intermittence. « Etre payé pour faire de la musique nous paraissait incroyable ». Grâce au statut d’intermittent, les membres du groupe ne sont plus obligés de travailler à côté et King Size prend son envol. En 1992, second album du groupe, Disfit For A King. C’est l’apogée du groupe, qui multiplie les concerts, en France et à l’étranger, obtient la reconnaissance du public et de la critique. Sept autres albums suivent, les trois derniers sont intégralement composés par The Rev’, qui devient co-producteur. « Plus que l’argent, c’est l’ambition musicale qui a été le carburant du groupe toutes ces années. » Au début des années 2000, alors que King Size est sur le déclin, Philippe et Annie envisagent de venir vivre en Corrèze, pour laquelle ils ont un vrai coup de cœur. La fin du groupe en 2007 et la mutation d’Annie leur permettent de déménager. Toujours fou de disques à près de 50 ans, l’idée de devenir disquaire s’impose à Philippe, qui appelle naturellement sa boutique The Rev’. Il continue de jouer un peu, avec Margerin, Peter Knight Soul Deliverance, mais la vie de musicien ne l’intéresse plus. Réaliser des albums, suivre des projets d’enregistrements, ça oui en revanche. En 2006, il créé le label Rev’ Up Records et produit… des inédits de King Size !