Mémoires électriques

Wah-wah

Le groupe « Decibel PIM » en répétition à Saint Clément en 1979. Fonds Claude Rochais.

Un jour, on a mis deux magnétophones Revox à 3-4 mètres l'un de l'autre avec une loop. Je crois que c'était dans un festival à Capedenac qu'on avait fait ça. On avait fait un concert assez étrange.

Jean-Luc Roudière

L'ère de l'électrification

L’électricité et l’amplification sonore électronique sont utilisées comme des éléments majeurs des créations des musiques dites « amplifiées ». Au cours des années 1950, les premières guitares Solid Body sont commercialisées. À l’inverse de leurs homologues acoustiques, elles possèdent un corps plein qui ne résonne plus sans l’aide de l’amplification. Les marques Fender avec ses modèles Telecaster et Stratocaster, Gibson avec sa guitare Les Paul s’emparent du marché. Les basses électriques commercialisées à la même période sont également adoptées par les musiciens de rock.

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Photo de Patrick Perrot du groupe « Sylvie Flash Gang » et sa basse Fender.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Lacombe.

Les possibilités permises par ce matériel sont immédiatement détournées. Il n’est plus seulement question de jouer plus fort mais aussi d’exploiter les nouvelles palettes de sonorités offertes. En effet, ces nouveaux instruments et amplificateurs, lorsqu’ils sont poussés au maximum de leurs capacités, produisent un son tranchant et distordu. Dans le courant des années 1960, l’exploration du timbre et de ses modifications se développe avec l’invention d’effets sonores comme les reverb, les chambres d’écho qui reproduisent les acoustiques de cathédrales. Les pédales d’effet wah-wah font  « crier » l’instrument, la pédale fuzz déforme encore plus profondément les sonorités.

En Corrèze, au début des années 1970, acquérir les instruments requis pour la pratique des musiques amplifiées n’est pas aisé et les jeunes musiciens n’ont souvent pas les moyens de s’acheter un matériel conçu exprès. Leur guitare ou basse de rêve Gibson ou Fender coûtent à elles seules plusieurs mois de salaire et pas ou peu de boutiques en proposent.

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Technique lors d’un concert du groupe « Molybdène » à Marcillac-la-Croisille en juillet 1981.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Claude Rochais.

Pour Serge Pendaries, guitariste dans le groupe briviste The Group’ Five, l’achat d’un matériel de marque Fender ou Gibson paraît impensable tant le prix en est élevé. Il se fait offrir par ses parents une guitare électrique de la marque néerlandaise Egmond. C’est une guitare électrique bon marché mais de mauvaise facture qui ne facilite pas l’apprentissage tant les cordes sont éloignées du manche.