Fonds Jean-Louis Delage
Voir en plus grandFonds Daniel Vergne
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Voir en plus grand« Jusqu’en 1977 […], les collectivités locales ne faisaient sans doute pas grand chose, au moins dans des petites villes. Le rôle donné à la culture, c’était de superviser la bibliothèque, les archives, s’occuper d’une école de musique… S’intéresser au spectacle vivant, ça n’existait pas vraiment. »
Pierre Diederichs
C’est en 1977 que la municipalité de Tulle commence à s’intéresser au spectacle vivant et nomme Jean-Louis Delage au centre culturel. Son rôle : organiser diverses manifestations théâtrales, éventuellement des concerts.
L’enseignement de la musique se structure également. Jusqu’à ces années-là, les membres de l’Harmonie-Fanfare des « Enfants de Tulle » assuraient eux-mêmes la formation des plus jeunes membres.
Des besoins en locaux se faisant sentir, la mairie prête son grenier et sa conciergerie. Au début des années 1970, suite à la libération de salles à l’école Turgot, l’activité se développe et les enseignants deviennent alors des personnels vacataires de la municipalité. Finalement en 1983, avec l’accroissement continu du nombre d’élèves, l’équipe municipale obtient les subventions nécessaires à la construction du bâtiment actuel. La structure devient alors une école nationale de musique sous administration municipale.
Onze années plus tard, c’est au tour de l’ancien cinéma L’Eden d’être rénové pour devenir l’actuel théâtre des Sept Collines.
Professeur de mathématiques et jeune élu municipal tulliste, Pierre Diederichs est en contact direct avec ces jeunes musiciens rock, toujours en quête de moyens pour travailler. Ponctuellement, une partie des sous-sols de l’actuel Centre Culturel et Sportif est mise à disposition ainsi que des locaux de l‘école de musique. La salle Latreille, qui n’est alors qu’une grande halle, est également prêtée gracieusement.
D’autres lieux sont investis à Tulle dont l’emplacement de l’actuel parking Saint-Pierre, où des locaux sont mis à disposition par la mairie. Le groupe Dekap-Four y aménage un studio de répétitions avec une isolation phonique réalisée artisanalement à partir de matériaux de récupération.
Les Enfants du Rock
Petit à petit, les groupes se multiplient et la « fièvre rock » s’enracine comme moyen d’expression, une façon de vivre. Les musiciens investissent les bars, la cité et la jeunesse vivent au rythme de cette musique. Une nouvelle génération porte à son tour le phénomène.
Des velléités organisatrices commencent à fourmiller au milieu des années 1980. À Tulle, des amis, passionnés de musiques alternatives, s’y intéressent. Éric Beynel, Laurent Creyton, Thierry Lacan, Christine Souletie et Daniel Vergne fondent une association : « Rock à la grange ». Elle a pour but d’organiser des concerts en ville et dans les alentours. Entre « système D » et bienveillance municipale, les concerts s’enchaînent. Le public se presse dans les salles des fêtes pour applaudir des groupes à la mode. Lors d’une dernière soirée, l’exaltation est à son comble, l’ambiance est irréelle. Ce coup d’éclat, le 10 juin 1989, a justement été nommé « Rock en Transe ». L’affiche est alléchante pour les amateurs : La Souris Déglinguée, Tender Hooks, OTH et Western Electrique sont invités. Tulle est pour un soir une capitale punk. 750 personnes se rassemblent au Centre culturel municipal, prêté pour l’occasion. Les commémorations des Pendus de Tulle ayant lieu ce même jour en sont quelque peu troublées.
« Pari gagné pour l’association Rock à la Grange qui, samedi dernier, a réussi, douze heures durant, à mettre Tulle en Transe, Musicale, bien sûr. Mettre Tulle en transe, grâce à un festival rock inédit dans la préfecture corrézienne avec huit groupes dont cinq régionaux et trois nationaux dont la réputation n’est plus à faire : pour beaucoup, cela relevait de la gageure ».
Extrait du compte rendu du festival par l’association Rock à la Grange
Rock en Transe marque le début d’une nouvelle ère, celle du dialogue avec les pouvoirs publics.
L’événement fait Politique
En créant Déclics en 1988, le groupe Visavis voit plus loin que ses propres besoins. L’association adresse les premières demandes écrites à la ville de Tulle pour la création d’un studio commun de répétition adapté aux musiques amplifiées. Ce projet est popularisé auprès de la population avec un grand concert où douze groupes se produisent gratuitement le 22 juin 1991 place Martial Brigouleix à Tulle. Les fonds récoltés sont finalement insuffisants mais une dynamique est lancée.
Poursuivant sur leur lancée, Christine Souletie et Daniel Vergne ne s’arrêtent pas là. C’est au Blason, discothèque tulliste, qu’ont lieu les prochains concerts d’une nouvelle association qu’ils créent avec des amis.
Swing Easy, c’est son nom, n’a de cesse de battre le pavé pour organiser des concerts de rock, de punk et de tout ces courants musicaux laissés pour compte. La municipalité tulliste ne peut ignorer ces événements tant ils sont fédérateurs pour les amateurs du genre.
Le 30 octobre 1993, Les Sheriffs sont à l’affiche. L’association est victime du succès de ce groupe punk. Les guitares résonnent largement au-delà des murs de la salle municipale, les spectateurs s’attroupent à l’extérieur. C’en est trop pour les riverains et les commerçants. La fréquence des concerts et les nuisances engendrées les poussent à rédiger une pétition qui arrive sur le bureau du maire Jean Combasteil.
L’idée d’un lieu dédié aux musiques actuelles est avancée par le maire. Les membres de Swing Easy ne savent qu’en penser. L’association « n’avait même pas osé l’imaginer », sourit Christine Souletie. « Nous n’étions pas clairs à l’époque, avoue-t-elle, entre rester dans l’underground ou bien disposer d’un certain confort, professionnel, subventionné ».
Comme un réflexe, les volontés se rassemblent pour construire collectivement un projet. D’autres associations rejoignent le mouvement telles que Peuple et Culture ou la Fédération des Associations Laïques. Entretemps, les élections présidentielles de 1995 voient un corrézien s’installer à l’Élysée. Raymond-Max Aubert est élu maire de Tulle la même année. La nouvelle municipalité ne montre pas le même enthousiasme.
Malgré les désaccords, les acteurs de terrain, passionnés par leur cause, ne perdent pas espoir. Depuis 1994, l’association Accords et Cris, propulsée notamment par Visavis, a un local de répétition aux Treize Vents.
L’activisme acharné des acteurs et le soutien d’hommes et femmes engagés en politique comme Pierre Diederichs à la ville de Tulle et Dominique Grador à la région Limousin, ont permis le décloisonnement. D’autres, tel Fabrice Ponthier, salarié de l’ADDIAM Corrèze, apportent leur pierre à l’édifice.
Dix années de travail et de discussions animées plus tard, Des Lendemains Qui Chantent voit le jour. Cette association, dont Daniel Vergne est le premier président, assure la gestion de la salle de musiques actuelles tulliste. Celle-ci est finalement implantée dans le quartier de l’Auzelou, et non dans un entrepôt du quartier de Cueille comme initialement prévu.